Numerus privatus; Stéréotype vestimentaire; Bruxelles fait la manche; hypocrise américaine
Notre rubrique L’info sous les radars est à suivre tous les jours sur Locals. Ou à lire dans une compilation dans notre newsletter.
Réagir rapidement à l’actualité n’est pas la vocation de notre lettre confidentielle, qui ne propose pas de flux mais des articles de fond et des enquêtes.
Le réseau social “Locals”, une plateforme opérée par Rumble, le concurrent de YouTube, est particulièrement bien adapté à ce type d’informations puisqu’il est nettement plus calme, plus posé, plus réfléchi et moins hystérique que X (anciennement Twitter). Il n’est pas non plus utilisé à fins de communication par des entreprises, des institutions, des politiques ou dans l’objectif de générer des clics. On n’y trouve aucune censure a priori, pas de publicité et on peut y publier des billets de plus de 240 signes.
Facultés de médecine privées : la voie est ouverte
Comment la réforme des études de médecine fait le lit du public et un pont d'or au privé.
Vous avez aimé le scandale de ces écoles d'enseignement supérieur privées qui marchent sur les plates-bandes et les décombres de l'université en se goinfrant d'argent public ? Voir notre article publié sur L'Eclaireur ici. Vous allez adorer celui qui se profile des facultés de médecine.
Bon, on ne va pas dire qu'on ne l'avait pas vu venir avec la mise en place d'un numérus apertus aussi inefficace (et encore moins lisible et compréhensible) qu'un numérus clausus qui depuis vingt ans fait le lit de la désertification médicale et maintenant de la désertion hospitalière. En gros, le précédent système, dit clausus (fermé en latin), fermait comme son nom l'indique les portes des facultés de médecine au 9 996eme candidat. Le nouveau, apertus (ouvert en latin) ouvre le nombre de postes jusqu'au 9 995eme étudiant. C'est donc en gros du pareil au même, le gouvernement n’ayant relevé que de 15% le nouveau seuil. De la sorte qu'avec un aussi faible nombre d'étudiants formés, on retrouve péniblement le niveau des années 1970 quand la France comptait 15 millions d’habitants en moins.
Péniblement parce que désormais, le redoublement est interdit. Résultat, les recalés n'ont pas trainé à partir se former ailleurs, en Roumanie, en Espagne, au Portugal, en Belgique ou en Italie. Combien ? Officiellement, on n'en sait rien, tout simplement parce qu'on ne le mesure pas.
"Il n’y a, à ce jour, toujours aucune étude qui permet de documenter avec précision le phénomène de fuite de cerveau à l’étranger", précisait Emmanuel Touzé, doyen de la faculté de Caen et président de l’Observatoire national des professions de santé (ONDPS) dans Challenge. En attendant, dans les facs en France, les bancs sont passablement dégarnis. Ainsi, au terme de la première année, ce ne sont parfois qu'une centaine d'étudiants qui sont formés. Sur 1 000 à 1 500 candidats.
Difficile de ne pas voir une politique sciemment et parfaitement balisée. Celle de faire émerger des acteurs privés sur les décombres du public, tout ceci avec le soutien plus ou moins conscient et organisé de l'Etat. Cela a déjà bien commencé. Les prépas privées, que le gouvernement disait vouloir mettre en difficulté en modifiant les voies d'accès aux études de médecine, se sont multipliées et sortent renforcées de la réforme.
Car devant le peu de places offertes et l'écrémage au terme de la première année, des élèves n'hésitent pas à faire appel à ces officines dès leur passage en première au lycée. Au vu des coûts de telles structures, gageons qu'on tient le bon bout en terme d'égalité des chances et d'école républicaine.
"La réforme a eu un effet contre-productif sur l'ascenseur social, en introduisant l'oral notamment et en supprimant le redoublement", déplore dans L'Etudiant Pierre Dubus, le doyen de la faculté de médecine de Bordeaux (qui quittera ses fonctions en décembre prochain, ceci expliquant aussi cela). "Le taux de réussite est lié au niveau scolaire. Tout se joue avant l'université. Donc aujourd'hui, tout le monde suit une prépa".
Ce n’est pas faute d’avoir mis en garde. En 2019, la CPU, conférence des présidents de l’université, alertait. "Faute de financements supplémentaires permettant un enseignement, un encadrement et un accompagnement justifiés par les nouveaux parcours proposés à la rentrée 2020, il ne sera pas possible d’être à la hauteur des enjeux de cette réforme".
La voie est-elle toute tracée pour que demain émergent des facs de médecine privées ? C'est déjà le cas. A Orléans, des étudiants sont formés depuis 2022 par la faculté de médecine privée de Zagreb.
Entendons-nous bien. On n’a rien a priori contre le fait que la formation des médecins ne soit plus la chasse gardée du service public. Mais faudrait-il que l’Etat joue son rôle a minima : celui d'encadrer la formation et de contrôler les niveaux. Voir à ce titre les dérives nées de la réforme de l’apprentissage et de l’explosion du nombre d’écoles et de formations privées en management, commerce, marketing, design… profitant de la manne financière public dans la plus grande dérégulation.
Imbécile image d'Epinal
Voici donc comment l'un des plus grands quotidiens français représente nos concitoyens juifs.
Tous nos concitoyens juifs portent un schtreimel, une redingote, des papillotes et leur enfant des kippas et des tsitsit. Les femmes, elles, ont toutes le crâne rasé sous leur foulard, sont vêtues de robes longues et portent des bas de laine toute l'année quelque soit la chaleur dans le plus pur style rendu célèbre par Mémé Sarfati.
C'est bien connu ! Chaque fois qu'on parle de nos concitoyens juifs, il faut les représenter comme cela !
L'illustration choisie par Le Figaro dans son tweet fait froid dans le dos. Oui, certains juifs très religieux - les hassidiques - et les rabbins portent barbe, chapeau et redingote en signe de leur religiosité. Depuis des siècles. Plus qu'une tradition judaïque, c'est une tradition européenne. Comme les prêtres catholiques portent des costumes sombres ou des soutanes, les religieuses la cornette et les moines des robes de bure.
L'écrasante majorité de nos concitoyens juifs sont des Français comme les autres, de simple clercs. Il en va de même pour l'écrasante majorité de nos concitoyens des autres confessions. Rien ne permet dans la rue de distinguer leur religion. C'est là la beauté de la laïcité, cette discrétion par laquelle on n'impose à personne sa confession qui relève de la vie privée, en signe de notre égalité et d'appartenance à la seule communauté qui vaille, la communauté nationale.
Alors pourquoi réduire sur les réseaux sociaux plus de 450 000 de nos concitoyens à un stéréotype vestimentaire, qui rappelons-le, a été abondamment utilisé par les antisémites depuis le milieu du XIXe siècle ?
A vot' bon cœur (européen)
L'UE veut un peu plus mettre à contribution les Etats-membres. Qui sont eux priés de se serrer la ceinture.
A Bruxelles, c'est la dèche. A force d'avoir trop donné à Kiev, les institutions européennes sont obligées de se serrer la ceinture. Il manquerait 66 milliards d'euros pour faire la maille puisque manifestement les 1 216 milliards d’euros censés couvrir les frais de l’Union européenne sur la période 2021-2027 ne suffisent pas.
Ursula von der Leyen, qui s'affirme comme le commandant en chef(fe) de l'UE (on cherche toujours Charles Michel) s'en est donc allée faire la manche auprès des Etats-membres. Qui renâclent forcément en ces temps d'austérité budgétaire où on leur demande à eux de se serrer la ceinture et de réduire dette et déficits. Voir comment en France, Bruno le Maire se contorsionne pour faire passer son budget 2024 sous la barre des 3 % de déficit...
Car après le bâton, il y a la carotte : la promesse pour Paris de 10,3 et 7,5 milliards d'euros d'aides européennes en 2023 (il va falloir se dépêcher un tantinet) et en 2024.
Dans le lot, il y en a qui devraient se serrer un peu moins la ceinture que d'autres. Ce sont les fonctionnaires européens. Une véritable armada. Ils sont 43 000 au sein des institutions européennes dont 32 000 à la Commission européenne. Dont un gros paquet de traducteurs, tous les textes officiels étant publiés en 24 langues. Des postes convoités. Le revenu moyen d'un agent de l'Union européenne s'élève à 6.500 euros nets par mois (sans parler des avantages), soit plus de deux fois le salaire moyen des fonctionnaires français. Parce que les cadres supérieurs et de direction sont sur-représentés au sein des institutions de l'UE et du fait d'un temps de travail supérieur (40 heure au lieu de 35) ?
N'empêche. En juin dernier, les salaires des eurocrates avaient déjà été revalorisés pour tenir compte de l'inflation. Pas celui des citoyens lambda, non. De la sorte qu'un "secrétaire de la Commission gagne aujourd’hui plus que le Premier ministre roumain" (Libération).
Donneuse de leçons
Magistrale leçon d'hypocrisie donnée par Uzra Zeya, secrétaire d'Etat adjointe américaine
Ceux qui doutaient encore que LCI est une officine de propagande américaine ont leur réponse.
De manière toujours aussi obséquieuse, Darius Rochebin interviewe Urza Zeya, la secrétaire d'Etat adjointe à la sécurité civile, à la démocratie et aux droits de l'Homme de l'administration Biden.
What a nice piece of work que cette Mme Zeya, dirait-on outre-atlantique.
Nous passerons sur le fait qu'elle sert un président, une administration et un parti politique corrompus jusqu'à la moelle. Les faits sont établis, du Russiagate à l'ordinateur Biden en passant par l'opération de censure et de manipulation de masse révélée par les Twitter Files.
Première remarque : être Wasp (White Anglo-Saxon Protestant – protestant blanc anglo-saxon) n'est qu'une idéologie depuis fort longtemps. La preuve : Mme Zeya est diplômée de la School of international service de Georgetown University, une grande université jésuite. Or les parents de Mme Zeya sont originaires de l’Etat de Bihar en Inde, très majoritairement musulman. Elle est donc vraisemblablement musulmane.
Etre Wasp n'a rien à voir avec les origines et la confession, c'est une idéologie. Il est impossible de faire carrière dans l'administration fédérale américaine sans l'embrasser - tout comme en France il est impossible de faire carrière dans la haute fonction publique sans avoir montré patte blanche et être rentré dans le moule.
Deuxième remarque : Mme Zeya est une hypocrite qui se cache derrière ses origines et les utilise pour faire avancer sa carrière. Elle fut acting assistant Secretary and principal deputy assistant secretary au bureau du Département d'Etat pour la démocratie, les droits de l'Homme et le travail dans l'administration Obama.
Il serait bon de lui demander sa position quant aux dronages de masse de la CIA ordonnés par Barack Obama dans la zone tribale pachtoune au Pakistan, un programme d'assassinat tellement ciblé qu'il à tué 94% de parfaits innocents puisque effectué sans confirmation visuelle des cibles sur le terrain. Question droits de l'Homme, on repassera : en droit, il s'agit d'autant de crimes de guerre qui, résultant d'une politique délibérée, deviennent un crime contre l'humanité.
En 2018, Mme Zeya a écrit dans Politico qu'elle a quitté le Département d'Etat après l'élection de Donald Trump parce qu'elle ne passait pas le test Breitbar (Brietbar est un site d'information conservateur américain fondé par Steve Bannon, qui fut l'architecte de l'élection de Donald Trum) du fait "de sa race et de son genre". C'est un mensonge. Elle était une political appointee, elle occupait un poste politique. Le spoil system (système des dépouilles) américain veut que les political appointees partent à chaque alternance, question de loyauté. Ses origines et son genre n'ont donc rien à avoir avec le fait qu'elle n'a pas été promue. Quand on choisit de faire de la politique, on en assume les conséquences.
Devinez donc où elle a rebondi ? Au Albright Stonebridge Group. Albright comme feu Madeleine Albright, vous savez, la secrétaire d'Etat américaine de Bill Clinton et criminelle contre l'humanité, celle qui a déclaré que les USA étaient la nation indispensable et que 500 000 enfants irakiens morts du fait des sanctions américaines en "valait la peine".
Mme Zeya est une neocon pur jus. Elle est un exemple parfait de tout ce qui est détestable et doit être rejeté sans hésitation dans le foreign policy blob (le blob de la politique étrangère) washingtonien. Fort heureusement pour les Etats-Unis, l'écrasante majorité du monde a conscience que ce que font Washington et le Département d'Etat ne représente pas la volonté du peuple américain.