[ Flash ] A STMicroelectronics, une concertation sur mesure
Sommé d'organiser une concertation avec le public, l'industriel s'est taillé un dispositif sur mesure pour notamment subvenir à ses propres besoins en main d'œuvre. Suite de notre feuilleton...
Le projet en Isère de STMicroelectronics de doubler sa production de plaquettes en partenariat avec GlobalFoundries continue d’emprunter des chemins de traverse. Sommé de mettre en place une consultation préalable du public sur son projet comme L’éclaireur l’a relaté, l’industriel franco-italien s’est concocté une concertation aux petits oignons.
Une concertation préalable a pour objectifs de débattre de l’opportunité d’un projet, de ses enjeux socio-économiques et leurs impacts sur l’environnement et des solutions alternatives. Ce n’est pas nous qui le disons mais la Commission nationale du débat public (CNDP).
A Fos-sur-Mer, le projet de centrale photovoltaïque a ainsi été adossé à une concertation organisée autour de quatre réunions thématiques : environnement et biodiversité, sécurité industrielle et énergétique, emploi et formation et intégration territoriale. A Amiens, la concertation autour du projet de de ligne à très haute tension a, elle, été particulièrement fournie.
Pour STMicro, les réunions publiques ont été réduites à la portion congrue : trois sont prévues dont une, classique, consacrée au lancement de la concertation et une autre, classique là aussi, dévolue à la synthèse. Ainsi, une seule réunion publique sera organisée et elle sera consacrée à tous les impacts du projet sur le territoire, englobant tout à la fois l’eau, l’emploi, les mobilités, le logement, l’énergie etc. Sachant que ces impacts ont été peu et mal évalués par l’industriel comme l’avaient soulignés l’autorité environnementale et la commission d’enquête…
Mais entre une webconférence, consacrée à l’eau et des rencontres au format très resserré, l’industriel est parvenu à caler trois réunions à destination des jeunes, collégiens, lycéens et étudiants. Une concertation préalable pour permettre de subvenir à ses propres besoins en main d’œuvre, il fallait oser. Car l’industrie de la microélectronique a quelques difficultés à pourvoir ses emplois. En fait, elle fait face à une véritable pénurie de main d’œuvre et notamment parmi les techniciens.
En juillet 2022, l’annonce du partenariat entre STMicro et GlobalFoundries avait été suivie de la promesse de créer 1 000 emplois, sans bien savoir si ces emplois pourront être pourvus. Alors que la CGT travaillait depuis des mois aux côtés du rectorat et de l’université Grenoble Alpes à la mise en place à l’échelle du bassin d’une offre de formation à destination des techniciens de salle blanche, on a vu germer, fissa, une filière de formation locale, dédiée.
Début 2023, ST Microelectronics et le rectorat de Grenoble ont ainsi signé une convention de partenariat pour créer une école de formation aux métiers de la maintenance, baptisée ST Tech Academy, comme le rapportait France Bleu Isère. Une formation gratuite pour les besoins propres de ST, entièrement prise en charge par l’Etat et à laquelle Soitec, autre industriel du bassin qui a peu ou prou les mêmes besoins sur la même filière, n’a pas été associé…
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