[ Flash ] La Chine vient d'annihiler le techno-capitalisme prédateur américain
Avec la mise en open source de son moteur d'IA, DeepSeek, la start-up chinoise, vient de faire aux Américains ce que Linux leur avait fait pour les systèmes serveurs.
Alors qu’Open AI, à qui l’on doit ChatGPT, est en train de passer d’un statut de fondation à but non-lucratif vers celui de société commerciale donc à but lucratif (admirez la manière de s’accaparer des dons se chiffrant à 6,6 milliards de dollars) et s’attache à verrouiller certaines fonctionnalités en les rendant propriétaires, la start-up chinoise DeepSeek vient de publier l’intégralité du code source de son moteur d’intelligence artificielle, meilleur et 96% moins cher à faire tourner (comprendre moins gourmand en capacité de calcul donc en électricité et en investissement matériel) que Chat GPT. Open source sous licence MIT, pour bien marquer le bras d’honneur fait à l’Oncle Sam et au reste de l’Occident en direct live à Davos cette semaine.
Pour saisir les tenants et les aboutissants de ce fait majeur, voire copernicien, il faut d’abord comprendre ce qu’est l’open source1 et ce qu’est un moteur d’IA.
L’open source consiste à rendre disponible publiquement le code source2 d’un logiciel. Ce code source est alors utilisable “gratuitement” puisque tout le monde y a accès. Ceux qui souhaitent le modifier et l’améliorer le peuvent à leur guise dans les limites et les conditions stipulées par la licence open source, charge à eux de mettre également à disposition librement leurs modifications, c’est à dire les distribuer.
Le code étant public, tous ceux qui ont les compétences pour peuvent l’inspecter ligne par ligne et savoir ce qu’il fait. Les risques de sécurité tels que les gros bugs, les failles, les portes de derrière etc. sont ainsi très rapidement détectés et corrigés. L’open source, c’est faire confiance à l’intelligence collective, plus efficace que la hiérarchie managériale et l’élitisme vorace et violent.
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Le logiciel open source le plus connu est Linux, qui est un cœur de système d’exploitation (OS), un logiciel fondamental qui gère les ressources matérielles d'un ordinateur et fournit des services communs pour les applications logicielles. Il a été développé par Linus Thorvalds qui s’est inspiré d’UNIX, un système d'exploitation multitâche et multi-utilisateur utilisé principalement dans les environnements serveurs.
Sur ce cœur, une multitude de développeurs sont venus greffer des composants tels que des interfaces graphiques, des gestionnaires de périphériques (pour les cartes réseau, les cartes graphiques) etc. Les distributions de Linux, c’est à dire un système d’exploitation complet et fonctionnel comprenant le cœur et ses composants, sont nombreuses (Ubuntu, Debian, Fedora, Lunux Mint, la plus fameuse étant… Androïd, installé sur 82% des smartphones) et disponibles gratuitement. Si des versions payantes existent, alors on ne vous facture pas la licence du logiciel libre mais des services de maintenance du logiciel, destinés aux utilisations critiques (applications professionnelles, serveurs d’entreprises et d’administrations essentiellement). Ou bien il s’agit de dons pour soutenir le travail de l’équipe de développement, souvent bénévole.
Les développeurs d’applications eux n’ont pas non plus à payer le propriétaire du code source pour avoir le droit de développer et de distribuer leurs applications comme c’est le cas sur Microsoft Windows, MacOS, IOS et Androïd dans ses versions Google, qui y a rajouté de nombreuses briques propriétaires.
Si une entreprise comme Microsoft a engrangé d’énormes profits croissants et continue toujours le faire, c’est parce que son système d’exploitation originel, MS-DOS, et aujourd’hui Windows, est propriétaire, ce qui oblige tous les constructeurs de PC (donc les utilisateurs) à lui acheter des licences (c’est à dire le droit révocable d’utiliser le logiciel et non pas la propriété du logiciel). Tous les développeurs doivent acheter ou louer un kit d’outils de développement (les fameux SDK) et/ou payer pour la distribution de leurs applications. Situation de monopole donc de rente. C’est comme cela que certaines grandes entreprises technologiques américaines ont pu - et peuvent encore avec les smartphones - racketter la terre entière depuis des décennies.
Vous souvenez-vous de systèmes d’exploitation de serveurs tel que Windows NT et Domino Server de Lotus (IBM), d’infâmes bouses qu’on vous vendait cher dans les années 1990-2000? Ils ont été remplacés par Linux. Linux étant libre et plus performant, il détient une part de marché de plus de 80%. La quasi totalité des serveurs du cloud tournent sur Linux.
C’est la raison pour laquelle Microsoft, IBM et les autres se sont mis à investir dans des infrastructures de cloud. Parce que c’est en fournissant des services d’infrastructures, de stockage et d’hébergement qu’on peut encore gagner de l’argent, puisque Linux a réduit à néant le marché des licences payantes pour les OS serveurs.
Un moteur d’intelligence artificielle n’est pas si différent du cœur d’un système d’exploitation. En rendant public son code source, DeepSeek vient de rendre quasi-impossible la vente de licence pour d’autres moteurs d’intelligence artificielle, à commencer par ChatGPT. C’est également pour cette raison qu’Elon Musk, qui s’est bien gardé de le dire, a mis Grok en utilisation gratuite sur X, alors qu’il y a encore un mois, c’était payant (il fallait être abonné payant à X pour pouvoir l’utiliser). Quant au moteur Gemini de Google, il est tellement plein de biais et dysfonctionnel que le géant de Palo Alto est dans les choux de manière irrémédiable semble t-il.
Cela signifie une et une seule chose : le techno-capitalisme prédateur américain en matière d’IA est déjà mort et enterré. Les Gafam sont plombées. Donald Trump pourra bien dépenser 500 milliards de dollars, cela ne changera rien à l’affaire - si ce n’est jeter 500 milliards de dollars par la fenêtre. On aura toujours plus intérêt à utiliser un moteur open source dont le fonctionnement est transparent, plus sûr et le développement plus rapide avec un choix plus large de “distributions” et de fonctionnalités.
Autre énorme problème pour les techno-mafieux d’outre-Atlantique, les USA sont également dépassés quant au hardware, aux puces de dernières générations nécessaires pour faire fonctionner les moteurs d’IA à grande échelle. Par Taïwan et par la Chine. Nvidia, le seul fabriquant de semi-conducteurs états-unien présent sur ce secteur ne fera pas le poids. D’autant que DeepSeek tourne sur des puces FGPA du commerce, celles qu’on trouve notamment dans les cartes graphiques pour gamers.
D’Europe, est-bien la peine de parler? Les ronds de cuir serviles et corrompus qui la dirigent préfèrent, afin de s’accrocher à leur pouvoir, réglementer (censurer) les contenus de manière aussi kafkaïenne et qu’inefficace plutôt que de s’attacher à ce qui importe : la souveraineté totale de chaque Européen sur ses données et celle de chaque pays européen sur ses infrastructures…
La France est le seul pays au monde qui dispose grâce à la carte vitale de trente ans de données de santé unifiées sur l’ensemble de sa population. D’une valeur inestimable. Sans données, les IA ne servent à rien. Laissons donc les Américains nous piller avec la complicité de nos dirigeants.
Certains parlementaires font pourtant leur travail et se démènent. Pour le moment en vain. Valable pour le numérique, pour l’énergie, pour l’agriculture, pour l’industrie…
En mettant en open source DeepSeek, la Chine vient de rendre un énorme service à l’humanité. Pas nous qui le disons mais Marc Andreesen, figure majeure de la Silicon Valley et créateur de Netscape, l’un des premiers navigateurs internet.
L’avance chinoise en matière d’IA n’est pas nouvelle. La Chine l’a préparée en régulant très tôt les algorithmes, c’est à dire en imposant des droits pour les utilisateurs et des devoirs pour les concepteur d’algorithmes, aussi curieux que cela puisse paraître. Ce qui jette une montagne dans la mare des “libéraux” occidentaux qui hurlent dès qu’on parle de régulation parce qu’ils n’entendent que réglementation.
Nous vous le relations déjà dans un article daté du 31 mars 2022.
Extrait.
La Chine a adopté une triple approche de régulation (gouvernance ne veut rien dire en français) de l’intelligence artificielle.
Un ensemble de 30 règles qui s’appliqueront à l’ensemble des algorithmes utilisés sur internet. Un exemple de règle est la capacité de l’algorithme à donner une explication et à corriger toute atteinte aux droits et intérêts des utilisateurs. Cette règle est particulièrement intéressante car si les plateformes - YouTube, Facebook, Twitter etc. - ne donnent aucune explication quant, par exemple, à une décision de suspension de compte, c’est souvent plus parce qu’elles ne savent pas ce qui a motivé l’action que parce qu’elles refusent de s’expliquer. En clair, personne ne possède une vision claire de ce que l’algorithme fait.
Des outils et des systèmes permettant de tester et de certifier les algorithmes de confiance sur des critères tels que la robustesse, les biais et leur capacité à expliciter
Un ensemble de règles éthiques s’appliquant au développement d’intelligences artificielles assorti de l’existence obligatoire de comités d’éthiques au sein de tout organisme y travaillant, chargés de mettre en œuvre ces règles et et de contrôler leur application.
Oui. Vous avez bien lu. La Chine, ce pays totalitaire, cette dictature communiste veut que toute décision prise par un algorithme ou une intelligence artificielle puisse s’expliquer et être corrigée par à chaque fois qu’il est porté atteinte aux droits et intérêts d’un utilisateur.
Mise à jour le 27/01/2025 à 15h59. Aux USA, on commence à comprendre.
Open source (ou "code source ouvert" en français) désigne une méthode de développement de logiciel où le code source est rendu disponible au public. Voici les caractéristiques principales de l'open source :
Accès au code source : Le code source est accessible à tous, ce qui permet à quiconque de le voir, l'utiliser, le modifier et le distribuer.
Licences open source : Les logiciels open source sont distribués sous des licences qui respectent des critères spécifiques, comme ceux définis par l'Open Source Initiative. Ces licences garantissent des libertés telles que la redistribution, l'accès au code source, la modification et la liberté de distribuer des versions modifiées.
Communauté et collaboration : Souvent, le développement open source est collaboratif, impliquant une communauté de développeurs qui peuvent contribuer à l'amélioration du logiciel. Cela peut mener à une innovation rapide et à une résolution plus efficace des bugs.
Transparence et sécurité : Avec le code source ouvert, la transparence est accrue, ce qui peut améliorer la sécurité car plus de personnes peuvent examiner et corriger les vulnérabilités.
Indépendance vis-à-vis du fournisseur : Les utilisateurs ne dépendent pas d'une seule entité pour le support, les mises à jour ou la maintenance du logiciel.
Éducation et apprentissage : L'open source est un outil précieux pour l'apprentissage, permettant aux étudiants et aux développeurs de voir comment les logiciels sont construits, comment ils fonctionnent et comment ils peuvent être améliorés.
Il faut noter que "open source" ne signifie pas nécessairement "gratuit" (bien que beaucoup le soient), mais plutôt que le code est ouvert et que les utilisateurs ont certaines libertés par rapport à ce code.
Le code source est le texte écrit dans un langage de programmation qui sert de base à un programme informatique, un logiciel ou une application.
Affirmer que le technoféodalisme est vaincu est aller un peu vite en besogne, mais il est certain que c'est une excellente nouvelle que les ploutocrates américains prennent une petite leçon :)