[ Flash ] Avalanche de démissions aux Deux-Alpes
Démissions d'élus, alerte de la médecine du travail, recours en pagaille sur le contrat d'exploitation de la station de ski... Aux Deux-Alpes, la situation est explosive.
L’hémorragie continue au sein du conseil municipal des Deux-Alpes après la démission de quatre nouveaux élus portant à huit le nombre de mandats actuellement vacants. Plus d’un tiers de l’effectif (sur 23 élus) étant aux abonnés absents, on devrait d’ici trois mois aller tout droit vers des élections complémentaires … à moins que le recours déposé par le maire pour, selon nos informations, une potentielle irrégularité des démissions 1, permette s’il est validé par le préfet, de jouer les prolongations…
C’est peu dire que la situation se tend dans cette station de ski de l’Isère. Depuis 2020 et l’élection du nouveau maire Christophe Aubert, douze élus ont claqué la porte. D’autres ont “seulement” rendu leur délégation. Certains ont été remplacés, d’autres pas.
La vague de démissions ne date pas d’hier mais elle s’accélère. Elle a aussi gagné les rangs de la majorité. L’adjointe aux finances a claqué la porte, puis l’adjoint aux travaux. De la sorte que depuis août dernier, le conseil municipal fonctionnait sans 3e, 4e et 5e adjoint, pas remplacés. Visiblement, personne ne se précipite pour récupérer les délégations…
Dans les rangs du personnel municipal, c’est également l’hécatombe : départs, démissions et arrêts de travail, une vingtaine d’après nos informations. Au point que la médecine du travail a enclenché une procédure d’alerte.
Malaise ? Les affaires tournant autour du contrat de délégation de service public du domaine skiable des Deux-Alpes attribué à la Sata, et son point d’orgue, le 3S, dont nous nous sommes faits l’écho à plusieurs reprises, ne sont pas au cœur même des tensions. Et pour cause : au sein du conseil municipal, personne (à l’exception du maire et vraisemblablement du premier adjoint) ne semblait être au courant de la tournure prise par les évènements. Joint, le maire des Deux-Alpes nous a fait savoir qu’il ne s’exprimerait pas dans l’immédiat.
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Problèmes de gouvernance, opacité des décisions, mise à l’écart d’élus sur des sujets les concernant, pressions… Sans parler des divergences sur des projets majeurs comme l’extension du palais des sports (14 millions d’euros pour un bassin de nage et quelques salles en plus, “le prix d’un espace aquatique !”), le remue-ménage autour du calendrier des travaux et des investissements sur les pistes ou la manière dont a été géré le dossier de la retenue collinaire de la Mura, serpent de mer depuis plus de quinze ans.
Ou des changements de pied, comme sur le secteur de Côte Brune. Où sur une zone prévue au seul stationnement, le maire comptait y greffer une maison de l’enfance façon “cheval de Troie” avaient dénoncé à l’époque plusieurs co-propriétaires riverains, ouvrant la voie à une résidence hôtelière2
Beaucoup dénoncent les mensonges et manipulations, “un climat très malsain”. Et une position parfois jusqu’au-boutiste du maire au détriment de l’intérêt général, illustrée notamment par l’épisode du complexe piscine-patinoire. Exploités par Deux Alpes Loisirs jusqu’en 2020, ces biens (que l’on appelle alors biens de retour ou biens de reprise) doivent avec la fin de la convention avec la filiale de la Compagnie des Alpes, revenir dans le giron communal. Moyennant une indemnisation, ces deux équipement n’ayant pas été totalement amortis.
Mais faute d’accord financier entre les deux parties 3, piscine et patinoire sont désormais fermées, remplacées par des structures provisoires et saisonnières.
Le second alinéa de l’article L. 2121-4 du code général des collectivités territoriales dispose que la démission est définitive dès sa réception par le maire. Le maire n’a donc, en la matière, aucun pouvoir d’appréciation, sauf suspicion de pressions exercées sur l’élu démissionnaire.
Le chiffre initial mentionné dans l’article de 560 appartements englobait plusieurs projets et non la seule résidence hôtelière. Une frénésie immobilière contestée comme on le relatait dans un article publié en mars 2022 en lien ici (article mis à jour à 15 heures).
D’après nos informations, Deux Alpes Loisirs proposait 800 000 euros quand les Domaines évaluaient l’ensemble à 1,2 million d’euros. La mairie aurait mis 500 000 euros sur la table. Le litige se rajoute ainsi au contentieux avec La Compagnie des Alpes.