[ Transports ] Cher, très cher câble
A Grenoble, le projet de transport par câble entre dans sa dernière ligne droite. Alors que sa réalisation est passablement controversée, il a déjà coûté plus de six millions d'euros en études.
Qu’il se fasse ou pas, le transport par câble aux portes de Grenoble va coûter bonbon aux contribuables. Long chemin de Damas avant le feu vert du préfet, le processus d’enquête publique et de consultation semble faire que certains ont sorti l’artillerie lourde.
Certes, la contribution du public, consignée dans un registre, vaut ce qu’elle vaut. A charge pour la commission d’enquête composée de trois commissaires enquêteurs d’en tenir compte ou pas. Néanmoins, nous ne résistons pas à la tentation de vous en délivrer quelques extraits. Rappelons que l’enquête publique, et donc le registre, ont été ouverts le 6 novembre, 9 heures.
Le 6 novembre à 10 h 50, contribution remarquée et particulièrement étayée de Andrea Cardinal, résidant à Apprieu. Nous ne savons si cette dame se rend souvent à Grenoble ni par quels moyens mais elle s’avère fort convaincue. Sa contribution est à consulter dans son intégralité en suivant le lien ici. On va juste relayer ce qui ressemble fort à un plaidoyer :
“J'approuve la création d'une liaison par câble sur un aspect économique également. En effet cela pourrait donner du travail à Poma situé à Voreppe ainsi que leur filiale situé (sic) en Isère ou en Rhône-Alpes. Les fabrications locales sont très appréciées. Cela créera également de nouveaux emplois sur le bassin”.
A moins qu’il ne s’agisse d’une parfaite homonyme, Andrea Cardinal est chargée de planification chez Poma.
Deux heures plus tard, contribution plus succincte mais émanant d’un contributeur prénommé Adriano de… Sao Paulo, Brésil.
“Ce projet est important pour le développement des transports par câble urbains, à la fois pour le territoire français et pour d'autres villes du monde entier confrontées aux mêmes défis sociaux et environnementaux”.
Question : s’agit-il d’Adriano Freitas, directeur des ventes et directeur général de Poma Brésil ? interroge un autre contributeur.
“Bizarre toutes ces contributions venant de Voreppe, Tullins, Apprieu, Saint-Jean-de-Moirans au premier jour d'une enquête d'un transport qui concerne en premier lieu le territoire métropolitain (d'après M. Sylvain Laval, le président du syndicat des mobilités, lui-même). Pas en nous disant qu'ils seront utilisateurs, mais en nous vantant le caractère écologique, futuriste, qui répond aux attentes des habitants (qu'en savez-vous, Anne, qui habitez Saint-Jean de Moirans ?), qui désengorgera le secteur...Je comprends que les employés de Poma défendent leur beefsteak, mais est-ce le rôle d'une enquête publique ? On est vraiment dans la caricature ...” écrit ce contributeur.
Depuis que le projet a fait jour, le transport par câble ressemble à une vaste pantalonnade cousue de fil d’or. Nous allons essayer de vous le résumer, mais si vous voulez vous y plonger dans les détails, nous vous renvoyons vers nos articles :
Le projet de transport par câble a été attribué à Poma, constructeur basé à Voreppe avec l’objectif notamment de capter le flux de voyageurs venant du Vercors mais surtout du Nord, de Voiron pour faire simple. Flux qui vient – ou venait comme on le verra plus loin – sacrément embouteiller les accès à Grenoble.
Des automobilistes qui suivent un axe nord-sud. Quand le câble qu’on les invite à prendre, suit lui un axe perpendiculaire, est-ouest. Donc si tant est que l’automobiliste voironnais veut prendre le câble à Fontaine – un des deux bouts du téléphérique – il a le choix entre garer sa voiture à un parking-relais, prendre le bus puis le câble (trois modes de transport, un tantinet rédhibitoire) ou venir directement jusqu’à La Poya en voiture pour prendre le câble. Auquel cas, il lui faudra passer l’épreuve des bouchons de Sassenage – question connue, rabâchée et toujours pas réglée.
Dans l’autre sens, au départ de Saint-Martin-le-Vinoux, c’est peu ou prou la même chose puisqu’il n’est pas prévu de parking-relais aux abords de la gare de départ/arrivée. Sollicité sur cette drôle de “lacune”, Sylvain Laval, le président du syndicat des mobilités aux manettes du projet de transport par câble et… maire de Saint-Martin-le-Vinoux, n’a jamais répondu à nos sollicitations.
Reste une autre solution : poser sa voiture sur le parking-relais au nord de Sassenage. Et donc prendre le bus pour gagner le câble. Trois modes de transport également.
Bref, il y a de fortes chances pour que l’automobiliste en question soit étonnement incité à rester dans sa voiture. D’autant plus que, depuis, l’autoroute a été élargie et les trois voies de circulation ont pour l’instant absorbé le trop plein des heures de pointe.
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