[ Flash ] Groupe Avec, saison 2
Nous l'avions annoncé dès mars, le personnel de la clinique Bonneveine à Marseille a porté plainte pour les mêmes motifs que le personnel du GHM à Grenoble. Enquête préliminaire ouverte.
Cet article revêt un intérêt public, nous le laissons donc en accès libre.
Il est le résultat d’une enquête d’une quinzaine d’épisodes parus à ce jour, un travail débuté il y a près de deux ans et qui se poursuit encore. Afin de garantir sa totale liberté et son indépendance, L’Eclaireur a fait le choix de ne pas faire appel à la publicité pas plus qu’au financement participatif, ni à aucune aide publique ou privée. Nos informations, notre liberté et notre indépendance ont un coût : celui de vos abonnements.
On apprend dans Marsactu qu’une enquête préliminaire a été ouverte l’encontre de Bernard Bensaïd et le “groupe” Avec pour les chefs de prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics par personne chargée d’une mission de service public – les mêmes pour lesquels ils ont été mis en examen à Grenoble – suite à une plainte du personnel de la clinique Bonneveine à Marseille.
Cette fois-ci, c’est le parquet national financier qui serait à la manœuvre alors qu'il s’était dessaisi au profit du parquet de Grenoble dans l’affaire du Groupe hospitalier mutualiste (GHM). En question, la ponction de 6 millions d’euros issus des fonds Covid dans les caisses de la clinique phocéenne. Il semblerait que M. Bensaïd n’y ait pas mis les formes en obtenant un vote du conseil d’administration comme au GHM mais aurait directement puisé dans le compte en banque de l’association qui gère la clinique marseillaise et dont il est le président, au motif qu’il s’agissait d’excédent de trésorerie.
Qui se souvient d’Olivier Véran, alors ministre de la santé, déclarant à la presse qu’il ne se mêlait pas de la gouvernance de groupes privés, alors qu’il s’agit bien de l’utilisation faite de deniers publics placés sous sa responsabilité et alloués à des entités chargées de missions de service public?
Voilà près de deux ans que nous démontons et démontrons méthodiquement le système Bensaïd, qui est celui d’une pyramide de Ponzi. Contrairement à Ponzi ou à Bernard Madoff, il n’utilise pas les fonds de nouveaux investisseurs pour rémunérer des investisseurs existants. Il ponctionne les trésoreries de la centaine de personnes morales qu’il dirige pour financer sa croissance externe et des achats d’actifs sans honorer les créances intra-groupe ainsi générées.
Si la gestion centralisée de trésorerie et les opérations interco (inter-compagnies, c’est à dire des opérations de vente, d’achat et de prêts entre sociétés d’un même groupe) ne sont pas illégales et pratique courante, en revanche échanger des créances jamais honorées entre personnes morales du “groupe Avec” (qui n’est pas un groupe) est problématique. Le faire avec des créances sur des personnes morales dans les faits en situation de cessation de paiement l’est encore plus.
Le système de cavalerie financière qu’est le business model du “groupe” Avec donne le vertige, comme nous l’avons exposé dans l’article ci-dessous.
Nous avons également démontré que Bernard Bensaïd procédait à des jeux d’écriture entre sociétés afin d’en améliorer les bilans de manière artificielle. Comme en août 2022, en faisant racheter par Avec SA les actions détenues par DG Hotels dans DG Santé pour un montant de 18,2 millions d’euros. Valorisation fantaisiste puisque représentant vingt fois les fonds propres de DG Santé (845 000 euros en 2020). Rachat est dans ce cas un bien grand mot puisque la contrepartie n’est à notre connaissance pas un règlement mais l’émission d’une créance sur Avec SA. Une opération fictive puisque Avec SA présente un résultat d’exploitation de 69 euros pour un résultat net de 169 000 euros et une capacité d’autofinancement de 440 000 euros ne lui permettant pas de régler 18,2 millions d’euros à DG Hotels à brève échéance.
Prenons le “rachat” – en fait une substitution de mutuelles – du GHM qui n’était pas financé et que Bernard Bensaïd a tenté de faire financer en ponctionnant la trésorerie du GHM, ce qui lui a valu ses deux mises examen.
Prenons l’achat aux Petites sœurs des pauvres des murs de l’Ehpad “La maison des roses” à Valenciennes. M. Bensaïd l’a fait financer par compte d’associé (donc par les fonds propres) et par un prêt de l’association mosellane d’aide aux personnes âgées (Amapa), elle-même plombée de près de 12 millions d’euros de dettes sociales et fiscales. L’Amapa a abondé à 75% de cette acquisition mais ne détient que 20% des parts de la SCI alors que Bernard Bensaïd en est le bénéficiaire à 90%… La créance détenue par l’Amapa sur la SCI n’a, à notre connaissance, toujours pas été remboursée.
Bref, à force de pomper des fonds contre des créances jamais honorées mais qui sont ensuite transférées à d’autres entités du groupe Avec pour embellir leurs bilans déjà plombés par des jeux écritures avec des actifs qui ne valent plus tripette auquel il faut rajouter la multitude de poursuites judiciaires engagées par des propriétaires et des fournisseurs non payés, finit par arriver ce qui doit arriver : la cessation de paiement.
Une grande partie des sociétés et entreprises à but non lucratif du “groupe” Avec sont dans les faits en cessation de paiement depuis 2019. Or, la cessation de paiement doit impérativement se déclarer sous les 45 jours. Personne n’a rien vu car M. Bensaïd fait en permanence circuler des fonds entre les comptes bancaires des entités de son “groupe”, un maquis indéfrichable et indéchiffrable pour qui n’a pas loisir ou ne fait pas profession, comme nous, d’en acquérir une vue d’ensemble.
Aujourd’hui, c’est l’ensemble du “groupe” Avec qui est en cessation de paiement, comme le montrent des documents internes datés de janvier 2023 qu’on nous a transmis et que nous avons publiés. Plus de 178 millions d’euros de dettes à court terme, une trésorerie à sec et peu d’actifs réels à mettre en face … Et plus de 40 millions de prêts garantis par l’Etat dont on se demande bien comment ils ont pu être accordés.
La cavalerie financière à très grande échelle opérée par Bernard Bensaïd exige une coordination centralisée des enquêtes judiciaires qui devront bénéficier des moyens nécessaires pour débroussailler cet inextricable maquis dans un temps raisonnable. La plupart des actifs et du chiffre d’affaires généré par les entités du groupe Avec provenant de la santé et du médico-social, l’Etat devra quoi qu’il en soit intervenir. Plus tôt cette intervention se fera, mieux ce sera.
Le tribunal judiciaire de Grenoble, dans son jugement mettant sous administration provisoire le GHM, apporte le moyen de limiter les dégâts. Le même système de subordination et de transfert du pouvoir décisionnaire d’entités indépendantes a été mis en place dans l’ensemble des activités à but non lucratif du “groupe” Avec.
Un galaxie de structures juridiques... des délégations de service public...
Ca ressemble étrangement au département de la Savoie avec sa structure qui intervient ou possède des participations dans de nombreuses stations...
C'est un truc qui s'enseigne en école de commerce ?
:-)