George Martin: Israël persiste à vouloir rester un Etat occidental, donc colonial

L’ambassadeur George Martin, photo © RTS

Israël, Gaza, Ukraine, autant de manifestations de l’effondrement moral et politique d’un Occident incapable de comprendre le monde et qui, aveugle, court vers la troisième guerre mondiale ?

Nous en discutons avec George Martin à l’occasion de la parution de son livre “Une vie au service de mon pays. Plaidoyer pour une Suisse neutre, active et respectée”, aux éditions Slatkine.

Une conversation à bâtons rompus avec un homme qui sait d’expérience de ce dont il parle. Cela change des plateaux télé des chaînes d’information incontinente.

A lire également : Georges Martin "Force est de constater que le projet européen n’est pas le projet des peuples".

George Martin a été en poste dans des pays à des périodes pivots. En Afrique du Sud au moment de la fin de l’apartheid, en Israël au moment de la seconde guerre du Golfe, à Paris quand Jacques Chirac décida la dissolution de l’Assemblée nationale en 1997. Il a achevé sa carrière de diplomate comme secrétaire d’Etat adjoint du département des affaires étrangères, l’équivalent du poste de secrétaire général du Quai d’Orsay.

Israël est il un Etat d’apartheid ? La radicalisation de la société israélienne date-t-elle du 7 octobre 2023 ? La conférence pour la paix en Ukraine organisée par la Suisse sans y inviter la Russie est-elle une farce ? Pourquoi le gouvernement suisse s’y prête-t-il ? Tout n’est-il que faux semblant et labyrinthe de miroirs ? Nos dirigeants nous mènent-ils comme en 1914, imbéciles, faibles, aveugles, sourds et somnambules, vers la troisième guerre mondiale, parce qu’inféodés aux Etats-Unis qui ne sont pas nos amis ?

Et surtout, qu’en est-il de cette “satanée” neutralité suisse qui semble irriter Ô combien de monde, tant aux USA, qu’à l’Otan et à Bruxelles, même si la Suisse a acheté des F-35 américains ?

La neutralité de la Suisse n’est pas une mince affaire. Tout d’abord parce qu’elle est, qu’on le veuille ou non, consubstantielle à la fondation de cette nation. Auparavant, la Suisse était une collection de cantons constituant la plus grande société militaire privée au monde, puisque c’étaient les cantons qui, quand ils ne se faisaient pas la guerre entre eux, louaient leurs redoutables milices à tout ce que comptait l’Europe de belligérants. Les gardes suisses du Vatican en sont l’ultime survivance.

Cette neutralité s’est avérée depuis plus de deux cents ans un pivot fondamental dans les relations internationales car les Suisses, contrairement aux Scandinaves, n’ont jamais eu une approche moralisatrice mais fondée sur le droit, celui sur lequel tout le monde s’est mis d’accord par des traités, et non pas celui dont tel ou tel hégémon se prévaut. A commencer par le droit humanitaire de la guerre, la Convention de Genève.

Les Suisses seront amenés à décider de l’inscription de la neutralité dans leur Constitution par votation d’ici une douzaine de mois. Etonnant que dans une démocratie occidentale ce soit encore le peuple qui décide, non ?

---

Musique © Pascal Clérotte 2021-2024
Retrouvez ce podcast sur Spotify