Marc Bloch, l’historien auteur de L’étrange défaite, résistant torturé et exécuté par la Gestapo le 16 juin 1944, écrivait en avril de la même année :
“Le jour viendra […] et peut-être bientôt où il sera possible de faire la lumière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l’axe Rome-Berlin pour lui livrer la domination de l’Europe en détruisant de nos propres mains tout l’édifice de nos alliances et de nos amitiés.”
Contrairement à ce qu’on nous serine à l’école et dans les manuels d’histoire depuis au bas mot la fin de la Seconde Guerre mondiale, les conditions certes draconiennes imposées à l’Allemagne dans le traité de Versailles et les réparations ne sont pas l’origine de son hyperinflation dans les années 1920. Elle fut le moyen pour l’Etat et le grand capital ne pas rembourser la dette intérieure contractée durant la Première Guerre Mondiale, ruinant ainsi les petits épargnants.
Le traité de Versailles et les réparations ne sont pas plus responsables de la profonde dépression économique allemande – la plus grave d’Europe – dans les années 1930. C’est simple : l’Allemagne n’a payé que 12% des réparations. Son réarmement amorcé dès 1919, illégal et “secret” mais connu au jour le jour des services de renseignements français, a été financé à partir de 1921 par les Américains comme les Européens, Français en tête.
L’avènement d’Hitler au pouvoir en 1933 fut souhaité par les créanciers de la dette extérieure de l’Allemagne, dont la France. Même chose pour le fascisme en Italie et Mussolini douze ans auparavant. Le SPD, le parti social démocrate allemand, s’est dès le début de la Première Guerre mondiale allié délibérément aux partis de droite et d’extrême droite militaristes, au nombre desquels on comptait également les libéraux, afin d’écraser toute velléité démocratique populaire. C’est lui qui ultimement mena le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) au pouvoir.
C’est la réalité historique qu’a mise en évidence Annie Lacroix-Riz par un long travail – cinq ans au bas mot – de dépouillement des archives françaises et allemandes (qu’elle décrit comme terribles pour l’élite française). Elle est consignée dans son ouvrage de 2006 “Le Choix de la défaite - Les élites françaises dans les années 1930”, dont la troisième édition augmentée vient de paraître en livre de poche chez Dunod. Toute ressemblance avec la situation actuelle est, bien sûr, purement fortuite.
Annie Lacroix-Riz l’illustre avec la trajectoire d’un homme, fils de magistrat, brillant normalien, germaniste, recruté en 1919 par le Comité des forges pour diriger sa presse puis élu député de 1924 à 1932. André François-Poncet est l’épitomé de cette élite française que le nazisme n’a jamais dérangé (même s’il ne fut pas à proprement parler un collaborateur durant l’Occupation, qu’il passa dans la région grenobloise avant d’être interné fin 1943 au château d’Itter, dans le Tyrol). Ambassadeur de France en Allemagne de 1931 à 1938, son rôle fut plus que trouble. Il fait l’objet d’une tentative de réhabilitation visant à le décrire comme un lanceur d’alerte face aux dangers du nazisme. Il n’en fut rien.
Après guerre, il retourna à Berlin comme haut-commissaire de la zone d'occupation française en Allemagne de 1949 à 1955 où son rôle dans l’exfiltration de Klaus Barbie en 1980 laisse, c’est un euphémisme, perplexe. Il prit ensuite la présidence de la Croix Rouge française puis occupa le poste de chancelier de l’institut de France. Il fut également l’un des co-fondateurs de la Maison de l’Europe et élu en 1952 à l’Académie française au siège du maréchal Pétain laissé vacant depuis 1945.
Ce podcast va sans aucune doute faire voler en éclat des conceptions aussi fausses que frelatées, inculquées depuis décennies. Une réécriture de l’histoire accomplie par et au bénéfice de l’élite française de l’époque, dont les descendants dirigent toujours le pays. Les archives françaises de cette période n’ont été disponibles qu’à la fin des années 1990, alors que la loi pourtant impose leur liberté d’accès au bout de trente ans. Hasard? Nous vous en laissons seuls juges.
Petite précision : un historien révisionniste travaille à la révision de ce qui est majoritairement tenu pour le récit historique acquis. Il ne nie pas des faits historiques établis tels que le génocide des juifs européens durant la Seconde Guerre mondiale ou l’année de tenue de la bataille de Marignan.
Parmi la bibliographie d’Annie Lacroix-Riz, nous vous conseillons les ouvrages ci-après. Ils peuvent être commandés directement sur le site de l’éditeur, Dunod, ou encore mieux, chez votre libraire.
Non, le plan Marshall n’a jamais eu pour objet d’aider qui que ce soit mais d’assoir la domination américaine en Europe d'abord par l’économie (donc par une bonne dose de corruption).
Cette photo de Maurice Papon faisant le baise-main à une Simone Veil souriante dit tout. La France ne fut jamais épurée, et certainement pas des collaborateurs économiques. De Gaulle, devant un parterre du tout nouveau CNPF, l’ancêtre du Medef, a fameusement déclaré “Je ne vous ai pas beaucoup vu à Londres”. Quant à l’épuration sauvage, c’est plutôt un mythe car un arrêt aux débordements bien réels fut imposé deux à trois mois après le débarquement de Normandie.
Très, très compliqué est tout ce qui touche au Vatican. N’ayant jamais aimé sa fille aînée la France – qui le lui a toujours bien rendu – et vouant une détestation à la Pologne, les enfants chéris du Vatican furent et restent encore à ce jour les empires centraux, comprendre l’empire austro-hongrois d’abord puis l’Allemagne, en sus les Etats-Unis. Le jeu trouble de la cité papale s’est poursuivi bien après la Seconde Guerre mondiale et continue encore.
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"La grande finance américaine et française a financé le réarmement allemand à partir de 1921"