Le Niger, superbe pays du Sahel, reste malheureusement l’un des plus pauvres de la planète. Il présente cependant la particularité d’être le barycentre d’une grande partie de l’Afrique. Ce qui en fait un pays hautement stratégique.
Le coup de d’Etat qui s’y est déroulé fin juillet 2023, dont la DGSE avait décelé les prémisses sans que Paris ne s’en soucie, n’a provoqué que sanctions et menaces d’intervention militaire. Une fois de plus, de la haute diplomatie dont le résultat fut d’abord l’éviction de la France puis celle des Etats-Unis. Echec stratégique dont on commence à peine à prendre la mesure.
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Situation extraordinaire : l’armée russe, suite à la signature d’un accord de défense avec le Niger conservé secret, a déjà pris possession d’une partie de la 101e base aérienne américaine à Niamey, la capitale du Niger, alors que des militaires américains y sont encore stationnés. Vous avez bien lu : des soldats russes sont cantonnés sur la même base que des GIs.
La 201e base aérienne américaine d’Agadez, la deuxième plus grande base de drones sur le contient africain, dont la construction a coûté des centaines de millions de dollars, va vraisemblablement aussi tomber dans l’escarcelle de la Russie. C’est dans la région d’Agadez qu’est située la mine d’uranium d’Orano (anciennement Areva) et l’usine de raffinage de “yellowcake”, critique pour notre industrie nucléaire.
Le Pentagone a annoncé ce 10 mai envoyer une mission à Niamey pour négocier le retrait de ses troupes en bon ordre. Quand on sait que cela fait presque trois ans que le gouvernement irakien a exigé le départ des Américains et qu’ils sont toujours en Irak, que cela laisse-t-il présager ? Au Niger, il y a des troupes d’une puissance nucléaire en face, légalement présentes en droit international, puissance qui gagne sa guerre en Ukraine…
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Nous ne devons ces évictions qu’aux pouvoirs politiques à Paris et à Washington après douze ans, officiellement, d’intervention militaire antiterroriste et d’impéritie diplomatique. On peut difficilement reprocher aux Russes d’avoir prévu l’affaire, de l’avoir exploitée et de nous avoir promptement remplacés.
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Nous parlons de tout cela avec Oleg Nesterenko, le président du Centre de commerce et d’industrie européen (CCIE) à Paris et conseiller politique en Afrique. S’il exprime le point de vue russe, il expose néanmoins un certain nombre de faits qu’on ne lira pas dans la presse occidentale mais qui ne sont pas étrangers à ceux qui connaissent un peu le Sahel et ce qui s’y passe depuis l’intervention de l’Otan en Lybie, cause première du bazar dans cette région.
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