Marc Fontecave est un biochimiste de renommée mondiale et professeur au Collège de France où il dirige le laboratoire de chimie des processus biologiques. Il est aussi un des auteurs du rapport de l’Académie des sciences commandé par l’Elysée, consacré à l’hydrogène.
Alors que la France, et surtout l’Union européenne tout à son objectif de viser la neutralité carbone à l’horizon 2050, s’emballent pour développer le recours à l’hydrogène décarboné (ou hydrogène “vert”), voire le massifier, les scientifiques appellent à la raison. Ce n’est pas la première fois. L’Académie des technologies avait alerté dès 2020 quant aux limites de cette énergie et d’une technologie loin d’être mature. Le CEA a récemment mis en garde également sur la déconnexion complète des objectifs fixés par l’UE avec la réalité (liens vers les rapports ci-dessous).
L’Académie des sciences ne dit pas autre chose. Car non contente d’être complexe à mettre en œuvre, cette énergie – et cette technologie – s’avère aussi très coûteuse : son coût est aux deux-tiers constitué par le prix d’électricité. Car pour décarboner l’hydrogène, utilisé de longue date dans l’industrie (c’est l’hydrogène gris), il faut beaucoup, beaucoup d’électricité…
“Une politique énergétique qui serait raisonnable, qui à mon avis n’est pas celle de l’Europe actuellement, c’est une politique qui prendrait en compte non seulement les enjeux climatiques et écologiques mais aussi ces questions économiques, ces questions de souveraineté énergétique… Et là il n’y a pas de réflexion”, déplore Marc Fontecave.
A lire également : L'hydrogène, miroir aux alouettes... explosif
Pour aller plus loin :
Rapport de l’Académie des sciences : L’hydrogène aujourd’hui et demain
Rapport du CEA : Dynamique de la demande européenne en hydrogène bas carbone d’ici 2040
Rapport de l’Académie des technologies : Rôle de l’hydrogène dans une économie décarbonée
Musique © Pascal Clérotte 2021-2024
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